lundi 18 septembre 2017

4 + 25 + 1478 = w 0 + w 1 X t j = 1 γ t − j CR j + w 2 X t j = 1 γ t − j EV j + w 3 X t j = 1 γ t − j RPE j *

4 - 25 - 1478

Inutile de déranger Cédric Villani pour résoudre l’équation titre. 4 Jours, 25 cols, 1478 km. C'est notre route des Grandes Alpes à nous. Nous, Stéphane et sa California II de 1982 et moi même personnellement et mon Sports' de 2009. Une jeunesse. Une aubaine immanquable que de partir pour un tel road trip avec un bon pote. Un petit air de pélerinage aussi. J'ai franchi la grosse majorité de ces cols en vélo, certains en bécane déjà, dont un on le verra me laisse un souvenir particulier. Impressions de route de presque A à presque Z.

-Aristocrate; "croisé" trois fois un étrange équipage germanique. Dyna Wide Glide en mode TLB, imperturbablement suivie d'une Béhême sport/tourisme avec valoches, top case... Invariablement dans cet ordre quelles que soient les circonstances. Le Graf von Putzfrau fait de la moto accompagné de son majordome.  Au passage d'une épingle en descente j'ai cru un instant que le majordome allait descendre de la Bien Molle pour aider son maître à virer... 
-Bovins: rencontrer une vache dans une épingle, c'est toujours un grand moment. Une deuxième, un deuxième grand moment. Dans les deux cas, une même tranquillité à prendre son temps pour quitter la chaussée. Se hâter lentement...

-Circulation: les Alpes, dans les vallées c'est l'horreur. Quand tu descends du Semnoz et que tu arrives sur les rives du lac d'Annecy, c'est comme passer direct d'une voie communale au périphérique à 18 heures.
-Déception: si le Bargy et les Aravis ont ce côté carte postale avec chalets fleuris à profusion qui plaît tant, cette urbanisation à outrance m'a laissé un goût de trop trop; Val d'Isére c'est vraiment moche et ne fait qu'annoncer la montée de l'Iseran défigurée par les pylônes de téléphériques, télésièges et autres remonte pentes.
-Emotions: repasser 42 ans après sur le lieu de ma première gamelle en bécane dans la descente du col des Saisies; monter le Galibier au décor majestueux dans une belle lumière matinale; arriver à la cime de la Bonnette sous un ciel légèrement chaotique et un petit crachin qui annonce une descente un poil délicate. 
-Freinage: montée du cormet de Roselend. Un confrère en HD me fait signe de le doubler. Je sais il n'est pas nécessaire de forcer son talent. Bref, gazengran et surprise, juste là, une épingle. Grofrénage, pour ne pas dire hénaurme et  blocage de roue arrière. Gros crissement de peneu qui provoque un élégant saut de côté d'un congénère en 650 SV qui zyeutait le panorama. De mon côté, je négocie l'épingle comme je peux. Arrivé au sommet, je retrouve le HDMan teuton avec des potes. On se refarde, on se marre. Il raconte à ses potes, moi à Stéphane. Conclusion en Espéranto motard: "Nice braking!" 

-Fromages: amateurs de Reblochon, passé le col des Aravis, faites 300m, versant Arly, et un chemin de terre vous mènera au chalet d’alpage de Sandra et Pierre Angelloz. Ils se feront une joie de tailler une bavette et vous faire goûter leur production de tomme et de Reblochon.
-Gazole: vu sur la D 902 en direction de Morzine un panneau de danger, "chaussée glissante" avec la mention Gazole Fréquent. WTF? Vachement rassurant... 
-Gravier: nous sommes au XXIème siècle mais tout va bien. Il y a encore des responsables de la Direction des Routes qui estiment qu'une bonne couche de gravier dans la descente d'un col ça ne fait de mal à personne.
-Humilité: même avec un engin mécanisé, passé 2 500 m il est des zones où on se sent remis à notre juste place de fourmi planétaire.
-Manger: Le Saint Pierre à La Diat (St Pierre de Chartreuse) propose quelques tartines roboratives et une bière locale, la Mandrin qui ne laisse pas la glotte insensible; Les Arcades à Jausiers, restaurant pizzeria dont nous avons apprécié la terrasse, les salades repas et le service.
-Originalité: Eviter de rouler en 1200 GS. Au doigt mouillé on en rencontre autant que de lobbyistes dans les couloirs de l'Assemblée Nationale. Eviter aussi le trail, surtout si c'est un GS. On en croise autant que de proctologues dans une concession Harley. Par contre la probabilité de voir une Ducati 860 GT nous met dans les eaux du gros lot de la Française des Jeux. Que dire de cette vénérable Moto Guzzi 850 T5 qui fait les belles virées du même proprio depuis 1984... Et je ne parle même pas, si quand même, d'une California de 1982. Tu m'étonnes que Moto Guzzi soit en difficulté... (NB, pour les plus anciens, la GS n'est pas produite par Citroën.)
-Profession de foi: lu sur une bâtisse dans la montée de l'Izoard :motards = connards; pourquoi pas. Déçu de n'avoir pas aperçu un "cycliste = anarchiste" ou un "randonneur = baratineur".

-Réchauffement climatique: c'est bien la première fois depuis que je fréquente la montagne que je vois des asperseurs dans des zones d'alpages pour compenser le déficit de pluie.
-Serpents: nous sommes au XXIème siècle mais tout va bien. Il y a encore des responsables de la Direction des Routes qui estiment que ceux qui ont survécu aux pelletées de gravier, méritent bien un lâcher de "serpents de la DDE". Pour vos itinéraires de montagne, repérez les étapes du Tour de France, laissez passer la troisième semaine de Juillet et go. Le revêtement sera nickel.
-Sportster: ce n'est le meilleur nulle part, sauf dans mon esprit. En tous cas, frais comme un gardon chaque soir, ne demandant qu'un peu de SP et pas si souvent que ça. Pour mémoire, un 225 km avant ravito avec presque 2 l de pétrole en réserve.

-Vercors: plus je roule dans ce coin, plus j'en apprécie l'atmosphère et le paysages. faudra quand même que je songe à sauter à l'élastique.
-Waze: j'ai honte mais j'avoue. Grand défenseur de la carte routière dépliée dans le vent et sous la pluie, j'ai béni Stéphane d'utiliser Waze. Dans l'étape de la Bonnette, les 70 derniers kilomètres sous la pluie devenaient légèrement désagréables. Petit miracle, l'appli nous a déposé directement à notre destination, légèrement hors des senties battus, 1/4 heure avant le déchaînement d'un orage de montagne avec seaux et éclairs.  

Cette libre interprétation de la fameuse Route des Grandes Alpes restera un grand souvenir de bécane. Nous avions délibérément choisi de ne pas pousser jusqu'aux rives de la Méditerranée pour cause de circulation merdique, même en marge de la haute saison. Au final, même chose côté nord. Attaquer le trajet à partir d'Annecy via Cluses pour commencer par le col de la Colombière. On perd très peu en intérêt, hormis peut être le romantisme de la photo au bord du Léman et quelques cols plus tard, celle sur le rivage de la Grande Bleue.

[mode stat on]
Les cols: Rousset (1 250 m) Vence (782 m) Porte (1 326 m) Cucheron (1 139 m) Granier (1 134 m) Plainpalais (1 173 m) Leschaux ( 897 m) Colombière (1 613 m) Aravis (1 487 m) Saisies (1 633 m) Méraillet (1 603 m) Roselend (1 967 m) Iseran (2 764 m) Télégraphe (1 566 m) Galibier (2 645 m) Lautaret (2 058 m) Izoard (2 360 m) Ange Gardien (1 347 m) Vars (2 108 m) Bonette (2 802 m) Raspaillon (2 513 m) Couillole (1 678 m) Valberg (1 671 m) Toutes Aures (1 124m) Ayens (1 032 m) soit 19 626 m de dénivelé positif. [mode stat off]

* équation du bonheur selon Robb B. Ruttledge (University College London)





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